D’inspiration américaine
Je me souviens encore de l'inénarrable « abracadabrantesque » que prononçait Chirac à tout-va, à une époque. En ce temps-là, on prenait encore soin de maquiller la vérité et les affaires gênantes à grand renfort de communication soigneusement orchestrée. Mais les règles semblent avoir été réécrites depuis lors. A présent, un politicien peut dire absolument n'importe quoi à tout bout de champ sans qu'il puisse être inquiété pour autant. J'ai récemment participé à un congrès à Douvres où j'ai pu discuter de cette question avec certains personnes. Et nous étions pour la plupart stupéfaits par le mouvement qu'a connu la sphère politique en à peine quelques mois. Lorsque Sarkozy est devenu président en 2007, j'ai relevé un certain volte-face dans la mentalité des citoyens : ils se sont mis à faire le coq, à mépriser le petit personnel. Et une métamorphose de ce genre se fait sentir de nos jours. Sauf que cette fois, la nouvelle orientation est clairement d'origine américaine. C'est comme si Trump avait ouvert la boîte de Pandore et pollué la conduite politique dans son ensemble. Jamais, auparavant, un politique français n'aurait osé déclarer qu'il renoncerait à l'élection s'il était mis en examen, pour annoncer le contraire un mois après ! Mais ce changement est assez normal, en fin de compte. Si un président américain peut être à ce point en roue libre en permanence, il ne semble plus vraiment indispensable de faire dans la finesse. De fait, les réponses les plus invraisemblables deviennent possibles. Un article de journal fait obstacle à un élu ? C'est une sombre manœuvre politique de l'opposition. Un chiffre est gênant ? C'est une affabulation pure et simple. Il n'y a plus la moindre vergogne dans le discours politique. Depuis l'investiture de Trump, en fait, on constate à quel point les pays ne fonctionnent pas en vase clos : ce sont comme des vases communicants, et ce qui a lieu chez le voisin finit par arriver chez nous. Le changement n'est pas seulement économique : c'est aussi une forme de pensée qui nous vient actuellement d'Outre-Atlantique, et qui nous promet beaucoup de problèmes... Sinon, j'ai été conquis par ce congrès; tout s'est déroulé sans la moindre fausse note. Je vous mets en lien l'agence séminaire en Angleterre qui l'a programmé, si vous voulez en savoir plus.
Un peu d’espace
La matière noire pourrait interagir avec la matière normale, pas seulement avec la force gravitationnelle, mais aussi avec des cousins des photons qui ne sont pas directement visibles. Le Cern est parti à la chasse de ces photons noirs (qui pourraient aussi faire partie de la matière noire) cette année avec l'expérience NA 64. Une supernova est la cause de la formation du Système solaire. Mais à quoi ressemblait l'étoile qui a explosé il y a plus de 4,5 milliards d'années ? Les astronomes pensaient qu'elle devait être environ 30 fois plus massive que le Soleil. On s'est probablement trompé. II y a 80 ans, l'un des pères de la physique quantique, Werner Heisenberg, prédisait un phénomène inédit pouvant se produire avec le champ électromagnétique du fait de l'existence du vide quantique. Un groupe d'astrophysiciens de l'ESO pense avoir enfin vu ce phénomène à l'œuvre grâce au puissant champ magnétique d'une étoile à neutrons observée avec le VLT. Un cargo Soyouz, d'un modèle différent de celui qui a emmené les trois astronautes vers l'ISS le 17 novembre, parmi lesquels le Français Thomas Pesquet, vient de rater sa mission. Ce vaisseau Progress, qui devait ravitailler la Station spatiale, a été déclaré perdu moins de sept minutes après son lancement. Pour les astronautes à bord de l’ISS, rien de grave. Ils ne mourront ni de faim ni de soif. Mais le cargo transportait des expériences très intéressantes qui seront difficiles à remplacer. Le lancement du cargo japonais HTV, prévu le 9 décembre, pourrait être reporté de quelques jours pour tenir compte de cet échec. L’Agence spatiale européenne (ESA) vient de diffuser les premières images acquises par la caméra Cassis, de l’orbiteur TGO, de la mission ExoMars 2016. Les premières lumières de cet instrument étaient attendues avec impatience car elles permettent de s’assurer que l’appareil fonctionne bien et donnent un avant-goût des retombées scientifiques attendues.
La présidence à l’heure de Perpignan
Mercredi dernier, j'ai découvert Perpignan lors d'un incentive. Et vers la fin, la question des présidentielles 2017 s'est introduite dans une discussion. Et j'ai constaté que beaucoup de participants en avaient ras la frange de cette période électorale. Il y en a même qui avaient prévu de ne pas voter. Ce qui est compréhensible, mais à mon sens, ces gens-là jouent la politique de l'autruche. Jamais une élection n'a été aussi vitale que celle-ci ; 2017 sera décisive pour notre avenir. Notre pays est sur la mauvaise pente depuis trop longtemps, il est pour ainsi dire marginalisé dans le cercle des grandes puissances. Cela apparaît noir sur blanc dans l'interview que le président américain a accordé récemment, et où il pérore sur l'Europe : il s'y montre particulièrement silencieux envers la France. Bien sûr, ce choix entre dans le cadre d'une manigance : Trump cherche à casser le bloc europeén et utilise la même technique qu'avec la presse américaine. Pourtant, il faut dire ce qui est : le pays a été vidé de ses forces par la succession Sarkozy-Hollande. Il est donc nécessaire pour la France d'élire un champion assez fort pour relancer la croissance, notamment avec un projet économique solide. Et étant donné le bouleversement que connaît notre société, le pari promet d'être compliqué à tenir. Mais il ne peut être question d'abandonner. Je comprends évidemment parfaitement les électeurs qui ne souffrent plus les promesses des politiques : il y a eu tellemen de promesses non tenues ces quarante dernières années ! Mais justement, il ne faut pas lâcher l'affaire : le prix à payer, en cas de renoncement, serait encore bien plus élevé ! Nous devons désigner un président qui soit capable et le mettre sous pression. Tout au long de son mandat, ne pas hésiter à protester quand il commence à faire marche arrière. A mes yeux, le dysfonctionnement de la France n'est pas exclusivement à mettre sur le compte de la sphère politique. Nous avons laissé faire, aussi : nous n'aurions pas dû permettre à Hollande un tel immobilisme ! Quoi qu'il en soit, cet incentive à Perpignan m'a bien plu. Et ça fait du bien, de temps à autre, ce genre de pause dans le travail. Je vous mets en lien l'agence qui l'a monté : elle propose tout un tas d'autres destinations.
En filigrane
Lorsqu'on suit régulièrement l'actualité, il est facile de se laisser emporter par son tourbillon incessant d'événements, de se laisser distraire par cette succession sans fin d'images. Cependant, pour la comprendre, il faut savoir prendre du recul. Ce n'est qu'à ce moment qu'on commence à percevoir sa trame, et, dans cette trame, des motifs récurrents. Cette prise de recul est nécessaire, indispensable même. Nous vivons en effet à une époque où les motifs récurrents (le Brexit et Trump, par exemple) sont autant de signes quant à la direction que nous prenons : ils dessinent en filigrane notre avenir. Si ces motifs-là sont particulièrement visibles, il en est qui le sont beaucoup moins, et il faut scruter l'actualité pour les déceler. Ce que je me propose justement de faire ici.
Evidemment, l'on pourra me rétorquer que je ne suis pas journaliste, et n'ai de ce fait aucune compétence particulière en la matière. Mais cela n'a aucune importance. La récente investiture de Trump montre qu'il n'est pas nécessaire d'être compétent ni même mesuré pour être élu à la tête de la première puissance. Dans cette ère du Do-it-yourself, l'on peut tout faire et l'on n'est jamais mieux servi que par soi-même. Et même si le résultat ne s'avère en définitive pas à la hauteur des espérances, cela reste tout de même préférable au fait de suivre l'actualité en simple spectateur, de manière passive et sans réaction aucune. Parce que c'est en fin de compte grâce à la majorité silencieuse qu'une poignée d'hommes dirige le monde. Et peut-être que si cette majorité-ci se taisait un peu moins, cette poignée-là serait beaucoup moins sûre d'elle...