Brexit : Bruxelles Appelle au brexit dur
Bien sûr, la Commission européenne continue de « travailler jour et nuit à un accord " sur le Brexit. Mais elle ne cache plus qu'elle se prépare aussi activement à un « no deal », terme longtemps tabou à Bruxelles mais que les turbulences politiques à Londres la poussent désormais à dégainer. Jeudi, elle a dévoilé une « communication » appelant les pays de l'UE et les entreprises à « intensifier leurs préparatifs » aux répercussions de la sortie du Royaume-Uni de l'Union. Et, précise-t-elle bien, en anticipant tous les scénarios possibles, y compris celui d'une « rupture brutale ". Coup de pression « Si l'accord de retrait n'est pas ratifié avant le 30 mars 2019,il n'y aura pas de période de transition et le droit de l'UE cessera de s'appliquer » pour le Royaume-Uni et en son sein, rappelle le document. Cette dernière, qui doit durer jusqu'à fin 2020 pour amortir le choc du Brexit et préparer la future relation, doit en effet faire partie de l'accord de retrait. La publication est intervenue quelques heures avant l'arrivée à Bruxelles de Dominic Raab, le nouveau négociateur anglais, où l'attendait Michel Barnier, chef de file de l'UE, alors que les groupes de travail ont repris les négociations depuis lundi. Flou britannique Ce n'est pas uniquement un coup de pression visant à faire réfléchir à deux fois les « hard brexiters ". Le temps presse vraiment et le pessimisme gagne l'UE face à l'incapacité de Theresa May à dégager et tenir une ligne claire. « La situation à Londres est très volatile », a jugé jeudi un responsable européen. Certes, il faut « être prudent et ne pas jeter d'huile sur le feu » mais le flou politique britannique est « un élément de complication » indéniable pour les négociations. « Dans tous les cas, nous allons nous préparer pour qu'il n'y ait pas d'effondrement " en cas d'absence d'accord, assure-t-il. Downing Street a répondu « se préparer aussi à un « no deal " » car c'est sa « responsabilité ». Mais l'entourage de Theresa May précise bien que ce n'est toujours « pas son souhait » et que « les progrès des négociations jusqu'à présent suggèrent que ce n'est pas l'issue qui se dessine ». « Il y a encore des lacunes que nous devons combler. J'ai hâte d'intensifier les négociations pour que nous soyons dans la meilleure position pour obtenir le meilleur accord ", a déclaré Dominic Raab en préambule de sa rencontre avec Michel Barnier. Le temps presse Londres et Bruxelles sont censés s'entendre sur l'accord de retrait d'ici octobre, pour laisser le temps aux Parlements européens et britanniques de le ratifier. Or si les tractations ont très bien avancé sur les futurs droits des citoyens expatriés et sur la facture du divorce, elles achoppent encore sur la question très complexe de la frontière irlandaise. L'intervention attendue ce vendredi de Michel Barnier devant les ministres des Affaires étrangères de l'UE, au Conseil, devrait permettre de mieux mesurer les avancées et les blocages dans cette dernière ligne droite. Le document pointe auprès des Etats les principaux domaines qui seraient soumis à d'importantes répercussions en cas d'absence d'accord, citant notamment les contrôles aux frontières extérieures, les transferts de données depuis ou vers le Royaume-Uni ou encore le transport aérien. Il appelle aussi à préparer les PME à l'hypothèse de devoir d'ici quelques mois traiter avec un pays devenu tiers, en particulier en termes de droits de douane et de circuits de TVA.
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