L’Occident et la Syrie
Au cours des six dernières années, il y a eu un écart important entre la rhétorique occidentale et ses actions en Syrie. Les décideurs occidentaux doivent tirer les leçons de leurs erreurs pour élaborer une stratégie plus efficace. Rédacteur en chef, Al-Hayat; Chercheur et co-fondateur, Center for Syria Studies, Université de St Andrews Bassma Kodmani Lina Sinjab Correspondant BBC Sommaire Six ans après le début du conflit en Syrie, la «victoire» pour un acteur particulier est susceptible de prouver un terme relatif. Le régime du président Bachar al-Assad détient l'avantage militaire, mais n'a pas la capacité et les ressources nécessaires pour reprendre et gouverner l'ensemble de la Syrie. Un État syrien post-colonisation verrait probablement de nouvelles élites et seigneurs de la guerre exercer le pouvoir et l'influence à travers le pays. Dans le même temps, les groupes extrémistes sont susceptibles de persister et d'évoluer. Ce n'est pas une recette pour la stabilité. Il n'y a pas de réponses simples pour les décideurs occidentaux. Les approches à court terme qui n'apprécient pas les nuances du conflit comportent plus de risques que d'opportunités. Les décideurs doivent tenir compte des obstacles à long terme à une gouvernance stable et efficace en Syrie, qui résultent directement de la montée en puissance de nouveaux acteurs sur le terrain. Pour relever ces défis, les décideurs occidentaux doivent être réalistes. Ils doivent identifier les objectifs stratégiques en fonction de leur niveau d'engagement à les atteindre. Depuis 2011, la politique occidentale à l'égard de la Syrie a été minée par un large fossé entre la rhétorique et l'action, une mauvaise communication avec les alliés et un manque de vision. L'absence d'une vision stratégique cohérente - ou de la volonté politique de la concrétiser - de la part des gouvernements occidentaux a contribué à accroître la force et l'influence des groupes extrémistes. Cependant, ces groupes ne peuvent être combattus uniquement par des moyens militaires. Sans accord politique pour mettre fin au conflit, les mesures tactiques de lutte contre l'extrémisme en Syrie échoueront, comme elles l'ont fait ailleurs. Les décideurs politiques doivent aligner les mesures «de haut en bas» et «de bas en haut», car aucune solution nationale en Syrie ne peut être mise en œuvre efficacement sans l'adhésion des communautés locales. À ce jour, les initiatives humanitaires et de gouvernance au niveau local ont largement ignoré les questions politiques, tandis que les initiatives de paix au niveau national se sont concentrées sur les questions politiques, mais sans accorder suffisamment d'attention aux dynamiques et aux acteurs locaux. Une stratégie occidentale réussie doit équilibrer les politiques au niveau national avec les priorités et les préoccupations au niveau local afin de cultiver le soutien des circonscriptions locales. Les puissances occidentales - en particulier les États-Unis, l'UE, le Royaume-Uni et la France - doivent tirer le meilleur parti de leur influence limitée pour extraire des concessions du régime Assad et de ses bailleurs de fonds internationaux. Le plus grand levier dont dispose l'Occident est économique: par le biais de sanctions, du commerce et de la reconstruction. Cela peut s'avérer important pour déterminer l'avenir de la Syrie après le règlement. Les sponsors extérieurs du régime, la Russie et l'Iran, n'ont ni la capitale pour financer des efforts de reconstruction à grande échelle ni l'intérêt de le faire.
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