La trame L'actualite en filigrane

8Mar/18Off

L’orientation professionnelle

Lorsque l’on évoque l’enseignement professionnel en France, la question de l’orientation se pose immédiatement. Il est en effet patent que l’orientation vers cette filière n’est pas suffisamment choisie et correspond rarement à une analyse fine des métiers et des qualifications auxquels conduit cet enseignement : orientation subie ou orientation par l’échec, la décision de suivre la voie professionnelle est bien souvent dévalorisée. Les représentations des jeunes et de leurs familles à l’égard de l’enseignement professionnel résultent d’un discours ambigu sur les parcours scolaires en France. Alors que la filière générale apparaît comme la seule voie de réussite, d’importants efforts de communication tentent en vain depuis quarante ans de donner plus de lustre à la voie professionnelle. Cette hiérarchie implicite des filières est confortée par l’ensemble des acteurs sociaux : professionnels de l’éducation et de l’orientation, parents, décideurs. Ainsi, les décisions d’orientation sont prises quasi-exclusivement au regard de la réussite appréhendée à travers les notes obtenues au collège, alors même que l’élève n’a jamais été confronté aux disciplines enseignées dans la voie professionnelle. Cette situation s’explique en partie par l’abondance de l’offre : la voie professionnelle scolaire accueille près de 300 spécialités de formations aux niveaux IV et V, qui préparent à plus de 10 000 métiers, eux-mêmes portés par plusieurs centaines de branches professionnelles. Dans ce contexte, il semble presque impossible de délivrer aux élèves et aux familles qui font ce choix une information exhaustive. Dans bien des situations, l’attractivité d’une formation n’est pas liée au taux d’insertion des jeunes, mais à son pouvoir de séduction auprès des élèves. Ainsi, la médiatisation de certains métiers peut créer des effets de mode pour les formations qui y conduisent, comme cela s’est récemment produit pour le métier de chef cuisinier, popularisé par des émissions télévisées. Ces engouements passagers n’aboutissent pas à une orientation rationnelle des élèves : non seulement ils peuvent ne correspondre à aucun gisement d’emplois, mais ils sont souvent facteurs de désillusions (ainsi en cuisine, où la réalité du métier est différente de l’image qu’en donnent les médias). A contrario, des secteurs porteurs d’emplois, proposant des salaires élevés, restent délaissés par les élèves et les familles. En outre, si la dimension informative est importante, elle ne saurait, à elle seule, suffire. L’accompagnement de l’élève tout au long de son parcours est indispensable pour créer la rencontre entre ses envies, son potentiel et les opportunités professionnelles à saisir. L’orientation doit également résulter d’un dialogue approfondi avec l’élève et sa famille. Or, cette dimension reste, elle aussi, bien souvent sous-estimée dans le cadre de l’orientation.

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